vendredi 5 juin 2020

Le sentimentalisme dégoulinant des Cahiers de l’unité face au covid-19


Le sentimentalisme dégoulinant des Cahiers de l’unité face au covid-19

L’éditorial de M. Julien Arland (c’est-à-dire de  M. Cyrille Gayat) pour le numéro 17 des Cahiers de l’unité est bien difficile à suivre. Que veut-il nous dire exactement ?  Cette pandémie semble ainsi lui apparaître comme un drame !!  Il conclut son éditorial par ces mots et par une citation tronquée d’un ouvrage de René Guénon :

« Dans ces circonstances nouvelles et quelque peu dramatiques, nos pensées vont à nos abonnés d’Italie, d’Espagne et de France, ainsi qu’à tous ceux qui ont gardé malgré tout quelque chose de l’esprit traditionnel. Nous leur rappelons cette phrase d’espoir : les exemples du passé, montrent clairement que tout ce qui ne s’appuie que sur le contingent et le transitoire passe fatalement, que toujours le désordre s’efface et l’ordre se restaure finalement, de sorte que, même si le désordre semble parfois triompher, ce triomphe ne saurait être que passager, et d’autant plus éphémère que le désordre aura été plus grand. »

C’est nous qui soulignons en gras (le texte de René Guénon étant reproduit en italique). Pourquoi un drame alors qu’il s’agit non seulement d’un événement insignifiant par son bilan humain mais surtout parce que pour des êtres qui ont un certain sens de l’esprit traditionnel cet événement est  parfaitement logique, attendu et même faste puisqu’il nous rapproche de la fin ultime du Cycle comme le montre le texte cité de René Guénon lorsqu’on le reproduit dans son intégralité  (l’extrait cité par M. Gayat est en italique et nous avons souligné en gras le véritable espoir):

 « Si de telles prévisions semblent trop hasardeuses, comme elles peuvent le sembler en effet à qui n’a pas de données traditionnelles suffisantes pour les appuyer, on peut du moins se rappeler les exemples du passé, qui montrent clairement que tout ce qui ne s’appuie que sur le contingent et le transitoire passe fatalement, que toujours le désordre s’efface et l’ordre se restaure finalement, de sorte que, même si le désordre semble parfois triompher, ce triomphe ne saurait être que passager, et d’autant plus éphémère que le désordre aura été plus grand. Sans doute en sera t-il de même, tôt ou tard, et peut-être plus tôt qu’on ne serait tenté de le supposer, dans le monde occidental, où le désordre, dans tous les domaines, est actuellement porté plus loin qu’il ne l’a jamais été nulle part ; là aussi, il convient d’attendre la fin ; et, même si, comme il y a quelques motifs de le craindre, ce désordre devait s’étendre pour un temps à la terre entière, cela encore ne serait pas pour modifier nos conclusions, car ce ne serait que la confirmation des prévisions que nous indiquions tout à l’heure quant à la fin d’un cycle historique, et la restauration de l’ordre aurait seulement à s’opérer, dans ce cas, sur une échelle beaucoup plus vaste que dans tous les exemples connus, mais aussi n’en serait-elle qu’incomparablement plus profonde et plus intégrale, puisqu’elle irait jusqu’à ce retour à l’« état primordial » dont parlent toutes les traditions. » (Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, chapitre IX.)

En écrivant aussi que « cette pandémie n’est ainsi que le véritable visage, effroyable et mortifère de la modernité en soi », M. Gayat /Arland ne paraît pas voir et comprendre qu’il faut distinguer la pandémie en elle-même et la réaction moderne à cette pandémie. Une épidémie tout autant qu’une pandémie ne sont pas en soi des manifestations antitraditionnelles. Elles peuvent le devenir si elles se font disciples du désordre moderne. Ainsi ce virus en soi est tout ce qu’il y a de naturel, c’est la réaction à son action qui est caractéristique de la folie du monde moderne. Précisons d’ailleurs que même si ce virus particulier était le fruit d’une manipulation de l’homme il n’en resterait pas moins pour autant que comme une possibilité du monde vivant que l’homme ne fait que réveiller. L’homme ne peut pas faire d’une impossibilité une possibilité. Il ne peut simplement mettre à jour que ce que la nature possède en puissance et qui n’avait été jusque-là que rejeté par le déroulement cohérent de cette nature elle-même dont l’homme n’est qu’un acteur. L’homme ainsi en croyant jouer au créateur ne fait surgir que des monstres, mais les monstruosités sont aussi des possibilités de la nature.