Le sentimentalisme dégoulinant des Cahiers de l’unité face au covid-19
L’éditorial
de M. Julien Arland (c’est-à-dire de M.
Cyrille Gayat) pour le numéro 17 des Cahiers
de l’unité est bien difficile à suivre. Que veut-il nous dire exactement ? Cette pandémie semble ainsi lui apparaître
comme un drame !! Il conclut son
éditorial par ces mots et par une citation tronquée d’un ouvrage de René
Guénon :
« Dans
ces circonstances nouvelles et quelque peu dramatiques,
nos pensées vont à nos abonnés d’Italie, d’Espagne et de France, ainsi qu’à
tous ceux qui ont gardé malgré tout quelque chose de l’esprit traditionnel.
Nous leur rappelons cette phrase d’espoir : les
exemples du passé, montrent clairement que tout ce qui ne s’appuie que sur le
contingent et le transitoire passe fatalement, que toujours le désordre
s’efface et l’ordre se restaure finalement, de sorte que, même si le désordre
semble parfois triompher, ce triomphe ne saurait être que passager, et d’autant
plus éphémère que le désordre aura été plus grand. »
C’est
nous qui soulignons en gras (le texte de René Guénon étant reproduit en
italique). Pourquoi un drame alors qu’il s’agit non seulement d’un événement
insignifiant par son bilan humain mais surtout parce que pour des êtres qui ont
un certain sens de l’esprit traditionnel cet événement est parfaitement logique, attendu et même faste
puisqu’il nous rapproche de la fin ultime du Cycle comme le montre le texte cité
de René Guénon lorsqu’on le reproduit dans son intégralité (l’extrait
cité par M. Gayat est en italique et nous avons souligné en gras le véritable
espoir):
« Si de telles prévisions semblent trop
hasardeuses, comme elles peuvent le sembler en effet à qui n’a pas de données
traditionnelles suffisantes pour les appuyer, on peut du moins se rappeler les exemples du passé, qui montrent
clairement que tout ce qui ne s’appuie que sur le contingent et le transitoire
passe fatalement, que toujours le désordre s’efface et l’ordre se restaure
finalement, de sorte que, même si le désordre semble parfois triompher, ce
triomphe ne saurait être que passager, et d’autant plus éphémère que le
désordre aura été plus grand. Sans doute en sera t-il de même, tôt ou tard,
et peut-être plus tôt qu’on ne serait tenté de le supposer, dans le monde
occidental, où le désordre, dans tous les domaines, est actuellement porté plus
loin qu’il ne l’a jamais été nulle part ; là aussi, il convient d’attendre la fin ; et, même si, comme il y a quelques
motifs de le craindre, ce désordre devait s’étendre pour un temps à la terre
entière, cela encore ne serait pas pour modifier nos conclusions, car ce ne
serait que la confirmation des prévisions que nous indiquions tout à l’heure
quant à la fin d’un cycle historique, et la restauration de l’ordre aurait
seulement à s’opérer, dans ce cas, sur une échelle beaucoup plus vaste que dans
tous les exemples connus, mais aussi n’en serait-elle qu’incomparablement plus
profonde et plus intégrale, puisqu’elle
irait jusqu’à ce retour à l’« état primordial » dont parlent toutes les
traditions. » (Autorité
Spirituelle et Pouvoir Temporel, chapitre IX.)
En
écrivant aussi que « cette
pandémie n’est ainsi que le véritable visage, effroyable et mortifère de la
modernité en soi », M. Gayat /Arland ne paraît pas voir et comprendre
qu’il faut distinguer la pandémie en elle-même et la réaction moderne à cette
pandémie. Une épidémie tout autant qu’une pandémie ne sont pas en soi des manifestations
antitraditionnelles. Elles peuvent le devenir si elles se font disciples du
désordre moderne. Ainsi ce virus en soi est tout ce qu’il y a de naturel, c’est
la réaction à son action qui est caractéristique de la folie du monde moderne.
Précisons d’ailleurs que même si ce virus particulier était le fruit d’une
manipulation de l’homme il n’en resterait pas moins pour autant que comme une
possibilité du monde vivant que l’homme ne fait que réveiller. L’homme ne peut
pas faire d’une impossibilité une possibilité. Il ne peut simplement mettre à
jour que ce que la nature possède en puissance et qui n’avait été jusque-là que rejeté
par le déroulement cohérent de cette nature elle-même dont l’homme n’est qu’un
acteur. L’homme ainsi en croyant jouer au créateur ne fait surgir que des
monstres, mais les monstruosités sont aussi des possibilités de la nature.