Quelques remarques sur les revues dites
traditionnelles
Décidemment
M. Gayat (Julien Arland) tient à nous donner une place de choix dans sa revue.
Il nous a déjà consacré un long article très embrouillé dans le numéro 6 (Julien
Arland, «Remarques sur une forme de la mentalité antitraditionnelle», n° 6,
avril-mai-juin, 2017.) (https://www.cahiersdelunite.com/remarques-1) et maintenant dans
son numéro 12 (car 6 + 6 = 12) il nous associe à un groupe d’universitaires qui
ne correspond en rien à notre identité:
« MM.
Jean-Pierre Laurant, Patrick Ringgenberg, Roger Dachez, David Bisson, Jean-Marc
Vivenza, Bruno Hapel, Jean-Louis Gabin, Slimane Rezki ou Paul Fenton » (https://www.cahiersdelunite.com/confusions)
Sa
revue est une revue bâtarde née sur internet et usant d’internet pour se donner
une existence papier par le jeu de la reproduction à l’unité offerte par le
site LULU.com.
On
peut lire cette annonce qui démontre que le revue n’existe pas hors d’internet
et échappe au monde ancien du livre : « Nous informons Mesdames et
Messieurs les libraires de l’Union européenne que nous ne pratiquons pas de
remise pour la vente en librairie. » (https://www.cahiersdelunite.com/libraires)
Une
seule revue peut incontestablement être considérée comme traditionnelle, il
s’agit bien évidemment de celle à laquelle collabora René Guénon : La Revue des Etudes Traditionnelles.
Après la disparition de René Guénon cette revue a connu une perte irrémédiable
d’identité, une brusque descente qualitative pour fort heureusement et finalement
cesser d’être publiée.
Avant
l’avènement d’internet un certain nombre de revues ont tenté de s’inscrire dans
cet esprit traditionnel avec plus ou moins de succès.et d’authenticité. En ce
début d’année 2019, une seule revue dite traditionnelle surnage encore avec une
diffusion en librairies. Il s’agit de Vers
La Tradition. Nous n’en commenterons pas le contenu qui ne reflète plus que
l’épuisement qui caractérise notre époque.
Dans
le numéro 6 de sa revue, M. Gayat / Arland écrivait donc ainsi :
« De
2002 à 2003, dans cinq séries d’une dizaine de photocopies agrafées, et placées
par inconscience, mais de manière profanatoire, sous le saint nom de Ganesha, M. Hapel, sous différents
pseudonymes, laissait libre cours à ses obsessions haineuses que l’on retrouve
aujourd’hui inchangées, formulées dans le même galimatias. La laideur dans la
mise en page, l’incohérence dans le style et les trop nombreuses fautes
d’orthographes ont valeur de signe chez lui : elles font sens. Tout le monde
aura compris que ses récentes interventions relèvent d’une forme de ce que le
jargon de l’Internet désigne comme le trolling,
c’est-à-dire d’une volonté de polémiquer qui a sa source première dans le
désœuvrement du troll, et dans son
déséquilibre moral et psychique. C’est ce qui peut notamment expliquer pourquoi
il peut être un support privilégié d’influences antitraditionnelles. »
Nous
devons informé M. Arland / Gayat, que de 2002 à 2003 la revue intitulée Ganesha – Etudes de l’œuvre de René Guénon,
a connu 8 numéros. Cette revue a été crée par M. Bernard Fontaine, directeur et
seul intervenant dans le choix du titre et de la mise en forme de la revue. Il
se trompe totalement en parlant à notre endroit de « nombreux
pseudonymes ». Nous n’avons été que l’un des collaborateurs de cette revue
et rien de plus. Nous notons que M. Gayat affectionne le charabia d’internet.
Nous ne connaissions pas ce jargon dont il semble être un spécialiste. Notre
présence bien modeste sur internet se limite à la publication de 2 blogs et
nous ne pouvons donc être identifié à ces personnages qui hantent la toile
comme semble le faire M. Gayat avec sa cohorte de fantômes qui se dissimulent
sous des pseudonymes parfois vraiment ridicules. D’ailleurs faut-il écrire Cahiers
de l’unité ou de l’Unité ? On peut lire cette déclaration dans le premier
éditorial de la revue (souligné par nous):
« Il
n’existe aujourd’hui, à notre connaissance, aucun site d’études en langue
française qui soit l’expression régulière de la conscience de l’unité essentielle de toutes les formes
traditionnelles. C’est la raison pour laquelle il nous a paru nécessaire d’en
créer un. C’est parce que toutes les traditions procèdent d’un même Principe
que cette conscience de leur unité
essentielle est possible. De même que toutes les couleurs ne sont qu’une
différenciation de la lumière blanche, on peut dire que la diversité des formes
traditionnelles, ou des religions si l’on veut, n’est que l’expression
différenciée de cette unité
fondamentale. À l’instar du fait que la lumière blanche n’est pas une couleur,
le point de vue auquel se réfère proprement cette conscience de l’unité traditionnelle est distinct de
celui qui se rapporte aux questions religieuses extérieures. Par conséquent,
celles-ci sont hors du champ de notre revue. »
On
aura noté que le terme « unité » n’est pas écrit avec un u majuscule.
Pourquoi alors la revue ne porte-t-elle pas le titre de Cahiers de l’unité qui paraît bien plus adapté ? Car parler de Cahiers de l’Unité, c’est entendre Cahiers de l’Être. Cette majuscule en dit long sur le niveau
d’orgueil des promoteurs et auteurs de cette revue. On attribue à Mohyiddin ibn
Arabi un Traité de l’Unité (cité par
René Guénon), les auteurs de cette revue ont-ils la prétention d’avoir atteint
le même degré de connaissance que ces autorités incontestables?
On
comprend alors que la seule contribution qui mérite une attention est celle
posthume de René Guénon que les promoteurs de cette revue ne sont même pas
capables de respecter réellement.
Dans son éditorial du numéro 9 de
sa revue, M. Gayat confirme sa perte totale de tout bon sens et son incroyable
ignorance :
« M. Greif poursuit son travail sur
les « Amis de Dieu » en abordant la question de la hiérarchie spirituelle dans
l’œuvre de Jean de Ruysbroeck. Ceux qui sont bien informés sur ces questions
savent que celui-ci était le détenteur d’une des grandes fonctions initiatiques
de la fin du moyen âge. Ils savent aussi que Ruysbroeck avait atteint la
plénitude de la réalisation effective, il était parvenu à la perfection
dans l’ordre des « grands mystères ». C’est dire l’intérêt qu’il y a à revenir
sur ses écrits. »
M.
Michel rouge nous apprend d’autre part que cette série d’articles avait
commencé à paraître dans Vers La
Tradition sous un autre pseudonyme (encore un autre…)
« Font suite « Les “Amis de Dieu” » de
Steffen Grief, quatrième livraison d’une étude qui vit le jour (sous un autre
pseudonyme) dans le numéro 122 de Vers la
Tradition. Après avoir abordé Maître Eckhart et Ruysbroeck, c’est au tour
de Tauler, »
M.
Michel Rouge est d’ailleurs à l’honneur dans ce numéro 12 de la revue de M.
Gayat (Julien Arland, « Remarques sur certaines confusions »,
n° 12).
Ce dernier, (après avoir cité un long passage du blog de M. Rouge sans en
donner les références qui auraient permis de se faire sa propre idée sur les
critiques que M. Gayat distillent), écrit ainsi avec une belle hypocrisie
ou lâcheté (https://www.cahiersdelunite.com/notes-confusions):
« Nous
ne pensons pas qu’il soit utile de citer le nom de son auteur. Nous nous situons
seulement dans le domaine intellectuel, et n’avons évidemment aucune animosité
personnelle contre lui. »
Voici la
référence des passages du blog que M. Gayat éreinte sans « animosité !!!» :
http://lafindestempsmodernes.blogspot.com/2018/05/presentation-de-la-fin-des-temps.html
Signalons
enfin les signes d’une sérieuse difficulté à alimenté la revue liée sans doute
au faible nombre des collaborateurs autres que MM. Gayat et Brecq…Ainsi M.
Brecq doit-il rebrasser d’anciens textes :
Cette
étude a été rédigée il y a plusieurs années. Nous en avons modifié la forme
pour qu’elle puisse paraître dans cette revue, et l’avons aussi “actualisée”
sur certaines questions. Nous ne publierons que la partie introductive et un
chapitre concernant l’un des Maîtres hindous de René Guénon.
Pour mémoire – réponse à M. Gayat :
Nul
n’ignore que notre humanité soit très proche de la fin de son propre cycle.
Naître et vivre alors que notre
Manvantara touche à sa fin présente spirituellement de nombreux
désavantages.
René
Guénon a apporté d’amples explications sur ce qu’il convenait de comprendre
lorsque l’on parle de « qualification ». Un lecteur de son œuvre en
arrivera logiquement à se poser cette question : celle de sa propre
qualification ou plutôt de son niveau de disqualification.
Comme
nous l’avons déjà précisé, l’attitude habituelle en réponse à cette question
est de se considérer toujours comme qualifié sinon même comme très qualifié.
L’ego n’aime pas reconnaître ses éventuelles insuffisances.
Tous
les « guénoniens », en se définissant d’ailleurs comme tels, se
reconnaissent toujours comme « très
qualifiés ». Ils ne se posent pas la question de savoir ce que pourrait
cacher une telle prétention. Ils ne réfléchissent pas et se lancent à la
recherche d’une initiation sans trop se soucier des conditions pour l’obtenir.
Tous les « guénoniens » finissent ainsi par être initiés ce qui a
posteriori les rassure illusoirement en semblant confirmer leurs prétentions.
Etant maintenant initiés, souvent initiés après une conversion, ils croient
avoir ainsi démontré qu’ils étaient qualifiés puisqu’ils sont bien reconnus
comme « initiés », initiés virtuels bien évidemment et qui le
resteront mais qu’importe pour eux. Et les pseudo- maîtres abondent pour
délivrer ces initiations sans aucune condition réelle de qualification. Mais pourquoi
une telle précipitation ?
René
Guénon a expliqué de façon très précise ce qu’il fallait entendre par
« initiation » mais il n’a jamais dit qu’il fallait être initié à
tout prix, dans l’urgence.
Une
des premières erreurs que commettent généralement les « guénoniens »
consiste à s’enfermer dans l’état humain et de ne penser « qualification »
que par rapport à cet état sans tenir compte du fait qu’un être peut avoir plus
de possibilités dans un futur état qu’il n’en a actuellement dans son état
humain. Ils négligent ainsi les états posthumes et surestiment leurs qualifications
présentes par orgueil bien évidemment mais aussi et surtout par simple
angoisse. Ils veulent obtenir un aboutissement immédiat dans cet état sans
autre analyse et sans prise en compte des réalités. Ils n’hésitent pas ainsi à
rejeter leur tradition d’origine, leur rattachement d’enfance. Ils n’hésitent
pas ou si peu à trahir leurs engagements pris dans leur jeunesse (comme par
exemple à l’occasion de leur confirmation pour les Catholiques). Ils n’ont ainsi
pas de parole. Ils se pensent tous comme des exceptions et croient qu’ils
peuvent ainsi faire tout ce qu’ils veulent sans en admettre les conséquences.
Mais par définition les exceptions sont « exceptionnels » et
spirituellement vraiment très improbables en fin ultime du Kali-yuga. Qui parmi ces « guénoniens » pourrait
prétendre être comparable à René Guénon ou à Râmana Maharshi ? Visiblement
tous les « guénoniens » y prétendent. Les « guénoniens » en
se convertissant massivement à l’Islam n’ont souvent fait qu’une seule chose :
se transformer en soufis virtuels et en réalité en orientalistes inconscients,
rejetant leur exotérisme d’origine pour adopter bien imparfaitement un
exotérisme plus exotique. Et ils n’ont rien obtenu, tout est bien évidemment resté
plus que virtuel si l’on peut s’exprimer ainsi. Ils n’obtiendront même pas les
recours de leur tradition d’origine. Une trahison pour rien donc. L’orgueil
seul est le vainqueur.
Cela
montre une belle absence de discernement. Et pourtant on ne peut pas reprocher
à René Guénon d’avoir manqué de faire toutes les mises en garde qui convenaient.
Car enfin, si le destin nous a fait naître au sein d’une tradition
particulière, il y sans doute de bonnes raisons pour cela. La manifestation
n’est pas un simple chaos mais bien l’ « expression » du Principe. Il
y a des règles et bien évidemment des exceptions à la règle. Mais qui peut
légitiment prétendre être une exception ?
Ainsi
les « guénoniens » initiés pour garantir leurs qualifications
illusoires doivent être en mesure de montrer que ceux qui les ont initiés sont eux
aussi très qualifiés. Les disciples doivent défendre leur maître envers et
contre tout sinon c’est leurs propres prétentions à la qualification et leurs
initiations qui sont remises en question.
On
en voit certains pousser des « cris » sur Internet, multiplier les traductions de textes soufis et
transformer l’arabe classique en une langue profane comme le français et les
diffuser sur de multiples sites virtuels. Mais pourquoi ? Et pour
qui ? L’ésotérisme islamique pour la masse des francophones ? C’est
une nourriture inassimilable. C’est en toute conscience que René Guénon n’avait
surtout pas pris l’Islam comme référence pour exposer les données
traditionnelles et spirituelles fondamentales aux Occidentaux. La réalité n’a
pas changé. Ou alors en sommes-nous au stade où c’est l’œuvre de René Guénon
qui devrait apporter aux Orientaux ces données traditionnelles et spirituelles
qu’ils ont maintenant perdues ? Mais si c’est le cas, ce n’est toujours
pas sur l’Islam qu’il faut s’appuyer mais sur l’Hindouisme qui reste la
meilleure référence. Le constat n’a pas changé.
L’être qui s’interroge sur sa
qualification le fait dans le monde manifesté. Il n’y a que dans la
manifestation que cette notion intervient. Et comme la manifestation est nulle vis-à-vis
du Principe. On comprend alors que du point de vue du Principe la
disqualification est sans objet puisqu’elle porte sur une illusion, une
surimposition illusoire. Du point de vue du Principe chacun de nous est un
jnânî !
En
2001, les Editions Traditionnelles ont publié un ouvrage commémoratif
intitulé : Il y a cinquante ans,
René Guénon…
Nous
avons collaboré à cet ouvrage avec un article intitulé : « Le guénonisme contre René Guénon ».
Dans le n° 13 de la Règle d’Abraham
(juin 2002), M. Cyrille Gayat a rendu
compte de cet ouvrage. Concernant notre contribution, voici ce qu’il a écrit:
« Nous terminerons avec le texte
malheureusement laborieux et incohérent de M. Bruno Hapel. On s’étonne un peu
d’observer qu’il persiste à s’occuper de questions doctrinales alors qu’à la
page 231 de son dernier « dossier », [René Guénon et le Roi du
Monde], il a trouvé utile de confesser
(c’est son terme) sa « disqualification irrémédiable ». Cette
franchise l’honore, mais elle n’était pas vraiment utile en ce qui le
concerne : ses ouvrages ne permettaient pas d’en douter. Nous le
démontrerons à une autre occasion pour ceux qui ne s’en seraient pas encore
aperçus. »
A
notre connaissance M. Gayat n’en a toujours pas apporté la démonstration et
pourtant de nombreuses années se sont déjà écoulées. Voici précisément ce que
nous avons écrit dans notre dossier (p. 231) :
« Dire que nous approchons du terme de la
présente humanité, c’est nécessairement reconnaître que la disqualification
doit avoir force de loi. La fin d’un cycle étant en correspondance inverse avec
son origine, la tendance qualifiante du temps présent doit être à l’image de la
tendance disqualifiante de l’âge d’Or ! Ainsi c’est non sans regret que nous
devons confesser notre disqualification irrémédiable. Que l’on se rassure cette
tendance disqualifiante ne peut être absolue. Il nous faut calmer ces quelques frémissements
d’impatience condescendante. Car enfin, peut-on avoir l’outrecuidance de nier
la qualification de tel ou tel ? En Occident n’y a-t-il pas eu René Guénon ? Et
bien oui justement, car voici l’exception qui confirme la règle. »
M.
Gayat utilise une méthode peu honorable. Il se permet, comme on le voit et on
le verra, de n’extraire que des mots ou des bouts de phrase sachant très bien
que s’il avait dû citer notre texte correctement, toute sa pseudo-démonstration
se serait immédiatement effondrée. Nous verrons d’ailleurs que même lorsqu’il
ne mentionne qu’un extrait d’une de nos phrases, il ne se rend même pas compte
qu’ainsi c’est sa propre ignorance qu’il ne fait que dévoiler.
Nous
sommes né en Occident dans ce monde moderne, né en cette fin ultime du Kali-yuga, nous n’avons pas cet orgueil
propre aux « guénoniens » de nous considérer comme une exception, comme
un individu hautement qualifié. Inconnu des Loges et des Turuq, nous n’avons jamais eu pour objectif de singer la vie de
René Guénon. Nous ne prétendons être ni le disciple de René Guénon, ni un continuateur.
Si Râmana Maharshi et René Guénon ont préféré ne pas avoir à désigner et à
reconnaître tel ou tel individu comme un éventuel disciple, c’est très
vraisemblablement pour ne pas avoir à blesser tous ces individus qui les ont sollicités
et qui prétendaient à des qualifications qu’ils n’avaient pas. Il est
préférable de refuser de désigner des disciples quand on sait que la
possibilité d’en découvrir est quasiment nulle. Et partout des pseudo-maîtres
sont apparus en nombre pour prétendre combler cette lacune et distribuer ainsi des
initiations en masse. Les pseudo-continuateurs de Râmana Maharshi comme de René
Guénon sont sans cesse plus nombreux.
M.
Gayat poursuit un peu plus loin :
« Une fois de plus, contre toute évidence, M.
Hapel continue de prétendre que la correspondance de René Guénon ne doit pas
être prise en considération. Pourtant, dans le « dossier » que nous
venons d’évoquer, au sujet de la « tendance disqualifiante » (sic)
générale de notre époque dont il déclarait qu’elle a « force de loi »
pour tout le monde, c’est une lettre de Guénon qui rectifie son erreur : « …Et
pourquoi écrirais-je s’il n’y en avait pas ? » disait-il le 5 octobre
1946 à propos des exceptions individuelles qui existent chez les occidentaux.
Il est vrai que maintenant pour M. Hapel, « nous sommes tous des jnânîs,
des ‘connaissants’ » (p. 125). »
Voici
notre phrase complète qui figure à la page 125 de cet ouvrage collectif:
« Nous sommes tous des jnânîs, des ‘connaissants’, mais très rares sont ceux qui le
réalisent effectivement, qui réalisent l’identification du Connaissant, du
Connu et de la Connaissance. »
En
ne reproduisant avec ironie que le début de cette phrase M. Gayat montre ainsi
qu’il ignore tout de la Réalisation spirituelle. Le début même de cette phrase
figure dans une réponse donnée par Râmana Maharshi :
« Le
jnânî ne voit personne qui soit a-jnânî. De son point de vue, chacun est un jnânî. Dans l’état d’ignorance, on surimpose cette ignorance à
ce qui est réellement l’état de jnânî ».
[Talks, p. 480]) (https://brunohapel.blogspot.com/2018/10/ramana-maharshi-lesprit-du-silence.html)
Mais
M. Gayat considère sans doute Râmana Maharshi comme peu qualifié... Ce n’est
donc pas « pour M. Hapel » comme il veut se moquer mais bien pour
l’humanité tout entière que ce début de phrase est par principe parfaitement
exact. La Réalisation spirituelle (qui est l’état effectif de jnânî) étant par essence inconditionnée,
ne peut être l’aboutissement d’un quelconque enchaînement. Ainsi si nous n’étions
pas tous des jnânîs nous ne pourrions
jamais le réaliser (ce qui ne veut pas dire que ce que nous sommes
virtuellement dans l’état humain doive impérativement devenir effectif dans ce
même état). La Réalisation n’est que le constat de notre ultime Réalité. La
Vérité n’est que la dissipation de l’ignorance qui ne fait que la voiler. La
Vérité est et n’a donc jamais cessé d’être présente.
Laissant
entendre faussement que nous nions l’existence d’exceptions individuelles
occidentales, M. Gayat s’arme alors des quelques mots extraits d’une lettre de
René Guénon qui doit tout anéantir et le rendre invincible. Le contenu de cette
lettre est invérifiable, le destinataire est inconnu; la date seule, 5 octobre
1946, la cristallise dans l’Histoire. On agite ces quelques mots comme une
formule magique qui doit nous terrasser... M. Gayat n’a visiblement jamais lu Orient et Occident où il est fait état
de ces exceptions individuelles ! Il semble bien trop banal de se référer à
l’œuvre publique lorsque l’on veut à tout prix justifier la profanation de la
vie privée de René Guénon. Sa correspondance doit être dévoilée envers et
contre tout.
M.
Gayat poursuit son compte rendu ainsi:
« En
traitant de ce qu’il ignore, M. Hapel avait aggravé son cas en affirmant
péremptoirement que « le contenu de la correspondance ne peut avoir qu’une
valeur marginale » (p. 162). On peut lui demander alors ce qu’il pense du
« Triangle de l’Androgyne » ? On s’en souvient, cette « sorte
de ‘sceau’ des deux sciences sacrées des Nombres et des Lettres » a été
transmise en 1945 dans une lettre par René Guénon à Michel Vâlsan, qui l’a fait
connaître de la manière remarquable que l’on sait. Il est vrai encore que M.
Hapel, sans argument, reproche à Michel Vâlsan d’avoir fait « état de sa
correspondance avec R. Guénon, ce qui ne pouvait se légitimer » (p. 242).
S’agissant de questions doctrinales, on se demande bien pourquoi ? M.
Hapel est victime de ce travers dont nous avons déjà eu l’occasion de
parler : une fois sa théorie formée, il tente d’y faire entrer de force
certains éléments au lieu de s’assurer que ceux-ci ne la modifient pas. »
Voici
précisément ce que nous écrivions dans notre dossier (p. 242.) :
« M. Vâlsan a préparé le troisième [ouvrage
posthume] intitulé dans un premier temps Symboles
fondamentaux de la Science sacrée. Dans cet ouvrage, M. Vâlsan a fait
preuve de partialité en ne reproduisant pas l’intégralité des articles écrits
par R. Guénon pour la revue Regnabit,
ou en faisant état de sa correspondance avec R. Guénon ce qui ne pouvait se
légitimer. Au lieu d’avoir été refait, l’ouvrage paraît maintenant sous le
titre Symboles de la Science sacrée
dans une version abrégée, censurée, ce qui le rend peu présentable. Ainsi là
encore c’est l’œuvre de R. Guénon qui en pâtit. »
Rappelons
que s’il y a bien des données traditionnelles dans la correspondance de René
Guénon et que ces données sont bien impersonnelles puisque la Vérité n’est pas
personnelle et même proprement inexprimable, ces données lorsqu’elles sont
exprimées par René Guénon dans sa correspondance sont alors personnelles dans
leur expression même et c’est cette expression privée que l’on ne doit pas
reproduire par simple respect (exception faite éventuellement et uniquement
pour le correspondant lui-même à qui René Guénon avait écrit). S’il avait voulu
publier sa correspondance avec tel ou tel de ses correspondants, il aurait très
bien pu le faire. Il pouvait ainsi si la question proprement islamique du « Triangle
de l’Androgyne » présentait une réelle importance compléter son propre
article sur cette question. Il ne l’a pas fait. Et comme nous l’avons déjà
précisé le commentaire fait pour la tradition islamique par Michel Vâlsan concernant
ce « Triangle de l’Androgyne » peut également se faire de façon
tout aussi pertinente dans la tradition juive selon la science des Nombres et
la science des Lettres hébraïques.
Ainsi
dans la préparation de l’ouvrage posthume, M. Vâlsan devait se faire le plus
discret possible, s’effacer totalement devant l’œuvre de René Guénon.
Rassembler les articles sans ajouter le moindre commentaire sauf l’indication
de la date de publication et de la revue concernée. Il ne devait en aucune
façon faire état dans cet ouvrage posthume des courriers échangés avec René
Guénon. Si M. Vâlsan souhaitait utiliser cet échange épistolaire pour le citer
et en faire un commentaire, ce qui était tout à fait son droit légitime, il
devait alors proposer ses propres explications dans un ouvrage à part et sous
son propre nom d’auteur.
Sur
la question de la correspondance, notre point de vue n’est pas influencé par
l’existence d’un pseudo-maître. Nous sommes simplement à l’écoute de René
Guénon lui-même (Voir les post-scriptum et notamment celui reproduit ici http://blog-bruno-hapel.blogspot.com/2018/11/rose-cross-books.html)
et nous n’avons aucune raison de ne pas respecter sa vie privée. Nous ne sommes
pas sous l’emprise d’une « théorie formée ». Mais il est bien certain par contre que M.
Gayat n’est pas dans la même situation de détachement. Car si la correspondance n’est pas reconnue comme partie
intégrante de l’œuvre de René Guénon, les titres donnés à Michel Vâlsan comme
continuateur, comme maître éminent, comme « guénonien » d’exception deviennent
alors injustifiables…
Il
est vraiment significatif de voir que ceux qui sont les plus favorables à la diffusion
des lettres écrites par René Guénon sont en tout premier lieu les
universitaires. On ne peut en être surpris puisqu’ils n’ont qu’un objectif
celui de profaner. On ne doit pas être étonné par contre de voir que ceux qui
les suivent avec tout autant de persévérance sont les orientalistes soufis
(Occidentaux convertis ou Musulmans de souche plus ou moins occidentalisés).
Ces orientalistes soufis sont parfois et souvent d’ailleurs des universitaires.
On pose ainsi une sorte de distinction tout à fait étonnante entre des
universitaires musulmans soufis déclarés comme respectueux de la tradition et
les autres universitaires déclarés comme des profanes. Nous n’y voyons pour
notre part qu’un seul ensemble : des individus hostiles à l’esprit
traditionnel.