Ortygia - Syracusa – Sicilia
Si
l’on observe une carte de la mer Méditerranée on peut constater avec peut-être
un peu de surprise que la Sicile en occupe comme le centre de gravité et même
d’une certaine façon comme le centre géographique. Cette île singulière,
volcanique et donc étonnamment fertile, a toujours été au fil des temps le
point de rencontre et d’affrontement des plus grandes civilisations. Pourquoi
ne pas évoquer, par exemple, l’Empereur Frédéric II, le poète controversé, personnage
certainement méconnu qui n’hésite pas à accueillir dans son royaume de Sicile des
représentants des grandes traditions et notamment des trois traditions du
Livre.
Au
chant XX (v. 383) de l’Odyssée, le
nom de la Sicile (Sikelé) est
explicitement mentionné. On le retrouve au chant XXIV (v. 211, v. 366 et v. 389)
où il est fait mention d’une très vieille femme amenée justement de Sicile. On
trouve également dans ce même dernier chant (v. 307) le nom de
« Sicanie » (Sikanié) en
relation avec le nom donné à certains habitants de la Sicile, les Sicanes.
Au
chant XI (v. 107) puis au chant XII, on nous parle d’une île : l’
« Île du Trident ». Odyssée,
XII, v. 127-128:
« Puis vous arriverez à l’ « Île du
Trident » (Thrinakié) où
pâturent en foule les vaches du Soleil (Hélios) et ses grasses brebis. »
On
parle aussi de cette île comme de l’ « Île du Soleil ». Au chant XII,
v. 263, « cette île admirable du Soleil (Hélios) ».
Ce
nom d’ « Île du Soleil » peut être mis d’une certaine façon en
correspondance avec la « Syrie » primitive qui désigne la
« terre solaire ».
Ainsi
dès l’antiquité ces expressions sont utilisées pour désigner la Sicile. Ce qui
ne veut pas dire que ces mêmes expressions ne puissent pas s’appliquer à
d’autres lieux aujourd’hui transformés ou proprement disparus.
L’historien
Thucydide nous rappelle d’autre part que cette île a été précédemment connue
sous le nom de « Trinacrie » (Trinakriè)
que l’on peut interpréter par des expressions comme « Île aux Trois
Caps » ou « Île du Triangle ».
Un
symbole ancien est toujours utilisé pour représenter cette île. Un symbole qui
évoque le mouvement autour d’un centre (voir une photo de ce symbole en fin d’article).
On peut établir une certaine correspondance avec le swastika en notant que si ce dernier est un symbole polaire, le
symbole appliqué à la Sicile est lui manifestement solaire.
Intéressons-nous
également à cette petite île au large de la cité de Syracuse et citons le texte
de Luigi Pareti paru dans l’ouvrage du photographe Leonard von Matt et
intitulé La Sicile antique (Hachette, 1960, p. 21) :
« Syracuse, qui fut la ville la plus importante de
l’île, s’efforça pendant des siècles d’unifier politiquement la Sicile […] D’après Antiochos, historien de Syracuse [référencé
par Thucydide], seuls les éléments des
civilisations dorienne et corinthienne, qui étaient les plus importantes,
parvinrent à s’imposer vraiment. Ce même Antiochos place la fondation de
Syracuse dans les années 733 et 732 avant J.-C. Mais Philiste, autre historien
de Syracuse [référencé par Diodore de Sicile], la situe dans les années 756 et 755. Il s’appuie, pour cette
affirmation, sur la présence d’une première colonie ionienne qui venait de
Chalcis et qui ne put se maintenir sur ces lieux. L’île d’Ortygie constituait le noyau de la ville grecque. Ainsi qu’un
grand nombre de villages elle avait été habitée au cours de la deuxième et de
la troisième période sicule, car, par sa situation même, elle offrait une très
grande sécurité. En outre, le grand port voisin favorisait les échanges
maritimes […] Les grands secteurs
occupés par les Syracusains s’étendaient au Nord jusqu’à la limite de la région
de Mégare, à l’Ouest jusqu’à celle de Géla. Un certain nombre d’agglomérations
jalonnaient ce territoire […] A l’intérieur,
il faut signaler surtout Hybla Heraea
qui correspondait peut-être à Ragusa-Inferiore [de nos jours nommé aussi
Ragusa Ibla ou Ibla] »
Sur
ce toponyme d’ « Ortygie », voyons aussi ce que nous disent les
hellénistes comme par exemple Jacques Tréheux dans son article intitulé Ortygie et paru dans le Bulletin de
correspondance hellénique, année 1946. Reproduit intégralement sur internet à
cette page : http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1946_num_70_1_2607
Le nom
d'Ortygie se rencontre donc trois fois dans la tradition homérique. Au chant V
de l'Odyssée (v. 121-124), la déesse Artémis
transperce de ses flèches, sur cette île d’Ortygie, le chasseur Orion.
Si l’on se reporte maintenant au chant
XV (v. 403-404), on peut y lire:
« (...)
On appelle Syrie (Surih) une île qui se trouve au-delà
(en haut, au-dessus) d’Ortygie (Ortugia),
où sont les révolutions (tropos)
du Soleil. »
Enfin
dans l’Hymne homérique à Apollon (v.
14-16) : « Salut, ô heureuse Lèto, car tu
as enfanté d'illustres enfants, le Roi Apollon et Artémis joyeuse de ses
flèches, celle-ci dans Ortygie et celui-là dans l'âpre Délos… »
Cette île d’Ortygie
au large de la Sicile était donc propice avec sa source, la fontaine Aréthuse,
et la configuration d’une côte avec ces possibilités d’y installer plusieurs
ports. Atouts déterminants.
Sur les monnaies
syracusaines antiques ont trouve notamment cette représentation d’une tête de
femme entourée de quatre dauphins. S’agit-il de la déesse Artémis dont le culte
fut importé à Ortygie (Syracuse) par des colons ? On rapporte que c'est
pour Artémis que les nymphes auraient fait jaillir la fontaine Aréthuse.
La
Cathédrale de Syracuse témoigne de cette continuité dans la réception des influences
célestes qui est la marque de la véritable spiritualité. Les colonnes du temple
antique qui s’élevait en ce lieu subsistent encore. Les espaces libres entre
les colonnes ayant été comblés sur la périphérie, ce monument aura ainsi été
transformé au fil du temps pour accueillir le culte des représentants des
traditions du Livre. Sa façade baroque par son exubérance vient renforcer un
peu plus la sérénité et le dépouillement des volumes intérieurs. (Voir les
photos jointes)




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