Rose-Cross
Books…
Une maison d’édition canadienne : Rose-Cross Books, qui à notre
connaissance ne vend ses productions que sur internet et notamment par
l’intermédiaire d’Amazon a lancé depuis quelques années déjà une grande
offensive en publiant trois ouvrages attribués
à René Guénon. Il s’agit de « Recueil »,
« Fragments doctrinaux » et
« Oriens et Occidens ».
Ces
trois ouvrages présentent certaines caractéristiques très
représentatives : Un avant-propos toujours abondant et souvent confus. Une
compilation très mélangée d’articles ou d’extraits de textes, le tout
totalement hors contexte. Une thématique systématique et totalement
artificielle.
Voici
d’ailleurs le détail (abrégé !) de ces thématiques pour chacun des
ouvrages
Recueil :
Avant-propos de Mircea A. Tamas
Orient et Occident
Le centre spirituel et le monde
Tradition et symbolisme
La franc-maçonnerie
La crise du monde moderne
Orient et Occident
Le centre spirituel et le monde
Tradition et symbolisme
La franc-maçonnerie
La crise du monde moderne
Fragments doctrinaux :
Avant-propos de Mircea A. Tamas
Première partie - Les États
multiples de l’Être
Deuxième
partie – Formes traditionnelles et Cycles cosmiques
Troisième
partie – Le Roi du Monde
Quatrième
partie – Aperçus sur l’ésotérisme chrétien
Cinquième
partie – Études sur la Franc-Maçonnerie
Sixième
partie – Initiation et Réalisation spirituelle
Septième
partie – Symboles de la Science sacrée
Huitième
partie – La Crise du Monde moderne
Neuvième partie – Comptes rendus
Oriens et Occidens :
Avant-propos
de Mircea A. Tamas
Première
partie – Oriens et Occidens
Deuxième
partie – 1908-1912
Troisième
partie – Le point de vue [senti]mental
Quatrième
partie – Le point de vue religieux
Cinquième
partie – Le point de vue traditionaliste
Sixième
partie – Le point de vue traditionnel
Septième
partie – Le point de vue universitaire
Huitième
partie – Le point de vue contre-initiatique
Neuvième partie – En guise de conclusion
A
voir ces trois ouvrages, on peut légitiment s’interroger et se demander si les
compilateurs, respectivement M. Gauthier Pierozak et M. Mircea A. Tamas pour
les deux premiers et M. Tamas seul pour le dernier ouvrage, ont un jour lu ce
passage de l’œuvre de René Guénon. On peut le retrouver dans l’ouvrage posthume
Comptes rendus (compte rendu du
numéro de mars 1947 de la revue Atlantis,
souligné par nous) :
« Enfin,
il [M. paul le cour] a éprouvé le besoin, à cette occasion, de recommander à
ses lecteurs un petit livre intitulé René Guénon et son œuvre, par M.
Jacques Marcireau, qu’il déclare « fort bien fait », alors que, pour
notre part, nous sommes d’un avis exactement contraire ; nous espérons
qu’il voudra bien reconnaître que nous devons être tout de même un peu mieux
qualifié que lui pour l’apprécier. Le livre en question, qui a été publié à
notre insu et que nous ne pouvons aucunement approuver, n’est à proprement
parler qu’un simple recueil d’extraits puisés çà
et là dans nos ouvrages et dans nos articles ; il s’y trouve un bon nombre
de phrases détachées de leur contexte et par
suite incompréhensibles, parfois aussi tronquées et même plus ou moins
déformées ; et le tout est groupé artificiellement,
nous pourrions même dire arbitrairement, en paragraphes dont les titres sont la
seule chose qui appartient en propre à l’« auteur » ; il va de
soi qu’un tel travail est parfaitement inutile pour ceux qui connaissent notre
œuvre ; et, quant à ceux qui ne la connaissent pas, il ne peut
certainement que leur en donner une idée des plus fausses. »
On
constate que René Guénon y condamne très exactement tous les procédés qui ont
été utilisés pour mettre en œuvre les trois ouvrages que les Editions
Rose-Cross Books veulent lui attribuer.
Le
plus incroyable c’est de voir M. Tamas présenter l’ouvrage intitulé Oriens et Occidens en ces termes :
« Après avoir publié Fragments Doctrinaux, il nous restait des éléments qui n’avaient
pas encore été utilisés, et qui, nous le pensions, méritaient d’être imprimés
dans un nouveau et dernier volume. »
Après
les fragments restent les miettes. M. Tamas a donc fait passer la voiture-balai
pour son dernier chef-d’œuvre qu’il préfère attribuer à René Guénon. Faut-il
l’en remercier ou lui demander de remettre ce livre d’où il l’a sorti c’est-à-dire
de la poubelle ? A la poubelle donc et au plus vite. En espérant qu’il n’y
aura pas eu trop de pigeons pour avoir acheté ce pseudo-livre de René Guénon.
Peut-on
imaginer un seul instant René Guénon
publiant des « Fragments » doctrinaux de son œuvre ? Impensable
saucissonnage. L’ouvrage des « Fragments
doctrinaux » devrait donc lui aussi être retiré au plus vite de la
vente.
On
ne peut pas plus concevoir cette confusion des cycles d’écriture en mélangeant
des textes de La Gnose avec ceux de
la FAM. L’œuvre de René Guénon comme
tout ce qui est manifesté suit la loi des cycles. On ne peut ainsi confondre le
cycle de La Gnose avec celui de la FAM ou avec celui de Regnabit, ni avec aucun des autres
cycles plus ou moins étendus. L’ouvrage
Recueil mériterait pour être respectueux de la volonté de René Guénon
d’être totalement remis en forme, sans confusion des cycles d’écriture, sans
blabla, le plus sobrement possible. Une version numérique devrait d’ailleurs être
mise à disposition gratuitement puisque
Recueil est intégralement reproduit sur le site Index de Gauthier Pierozak.
En
1922, Howard Carter retrouve l’emplacement de la tombe de Toutankhamon. Il sait
qu’elle est intacte et qu’elle contient donc des trésors incroyables. Que
fait-il ? Respectueux des rites funéraires et du repos des morts,
poste-t-il des gardiens pour que cette tombe reste à jamais inviolée ?
Non, il la profane. Et depuis le monde entier connaît le contenu bien complet
de cette tombe. Les archéologues s’en félicitent, les orientalistes aussi. Un
inventaire a été fait, des photos ont été prises. On a ainsi recueilli des
informations très complètes et très précises sur les rites funéraires de
l’ancienne Egypte. Une somme considérable de « fragments doctrinaux »
a ainsi été collectée. La profanation de cette tombe se justifiait-elle ?
NON.
Cette
profanation pourrait-elle être acceptable sous le prétexte que les données recueillies
sur le symbolisme, les rites, les arts, etc., sont de nature traditionnelle ou
doctrinale? En un mot, si l’on met de côté la momie du pharaon, peut-on
s’autoriser à s’approprier tout le reste que l’on jugera alors comme
impersonnel ? La réponse est bien évidemment NON.
Peut-on
s’autoriser à lire une lettre qui ne nous est pas adressée ? Non, sauf
bien sûr, si le destinataire nous y invite. Le contenu ne peut donc être
utilisé que si le destinataire nous en donne l’autorisation. Dans le cas
contraire, le contenu même doctrinal reste à sa seule disposition.
Dans
le cas de René Guénon, les destinataires n’ont à notre connaissance jamais
autorisé cette divulgation bien au contraire. Rares sont les destinataires qui
ont fait état de leurs échanges avec René Guénon. Et, de façon générale, ils
ont diffusé la matière doctrinale de ces échanges dans leurs propres écrits.
Mais
y-a-il des éléments vraiment d’importance dans le courrier de René
Guénon ? Non, pas vraiment, comme nous le fait comprendre ce
post-scriptum :
Publié
dans les ET d’octobre 1936 repris
dans ACR I :
« P. S. – À notre grand regret, il nous
devient matériellement impossible de répondre à toutes les lettres que nous
recevons, car tout notre temps, même s’il y était exclusivement consacré, n’y
pourrait plus suffire. Nous prions donc nos correspondants de vouloir bien nous
excuser ; tout ce qu’il nous est possible de faire dans ces conditions,
c’est de prendre note de celles de leurs questions qui ont un réel intérêt
d’ordre général, afin de les traiter lorsque l’occasion s’en présentera au
cours de nos articles. »
La
correspondance de René Guénon peut et DOIT donc rester dans le domaine privé.
Ce silence est d’ailleurs sans aucun préjudice doctrinal et c’est même une vraie
preuve de respect.
Il
est d’ailleurs bien significatif de voir que les universitaires, les orientalistes
(soufis ou non) et autres profanateurs se délectent de cette correspondance
qu’ils utilisent de la pire des façons comme on peut le constater dans les
« annexes » notamment.
Que
les profanateurs le fassent on ne peut en être étonné mais que ceux qui se
disent respectueux de l’œuvre de René Guénon le fassent aussi, c’est incompréhensible.
Qu’ont-ils compris de l’esprit traditionnel ? Un minimum de détachement devrait
toujours s’imposer dans le monde traditionnel à l’image du Non-agir, si ce
n’est pas un maximum.
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