jeudi 1 novembre 2018

Rose-Cross Books…


Rose-Cross Books…


Une maison d’édition canadienne : Rose-Cross Books, qui à notre connaissance ne vend ses productions que sur internet et notamment par l’intermédiaire d’Amazon a lancé depuis quelques années déjà une grande offensive en publiant trois ouvrages attribués à René Guénon. Il s’agit de « Recueil », « Fragments doctrinaux » et « Oriens et Occidens ».

Ces trois ouvrages présentent certaines caractéristiques très représentatives : Un avant-propos toujours abondant et souvent confus. Une compilation très mélangée d’articles ou d’extraits de textes, le tout totalement hors contexte. Une thématique systématique et totalement artificielle.

Voici d’ailleurs le détail (abrégé !) de ces thématiques pour chacun des ouvrages

Recueil :

Avant-propos de Mircea A. Tamas
Orient et Occident
Le centre spirituel et le monde
Tradition et symbolisme
La franc-maçonnerie
La crise du monde moderne



Fragments doctrinaux :
Avant-propos de Mircea A. Tamas
Première partie - Les États multiples de l’Être 
Deuxième partie – Formes traditionnelles et Cycles cosmiques 
Troisième partie – Le Roi du Monde 
Quatrième partie – Aperçus sur l’ésotérisme chrétien 
Cinquième partie – Études sur la Franc-Maçonnerie 
Sixième partie – Initiation et Réalisation spirituelle 
Septième partie – Symboles de la Science sacrée 
Huitième partie – La Crise du Monde moderne 
Neuvième partie – Comptes rendus


Oriens et Occidens :

Avant-propos de Mircea A. Tamas
Première partie Oriens et Occidens
Deuxième partie – 1908-1912 
Troisième partie – Le point de vue [senti]mental 
Quatrième partie – Le point de vue religieux 
Cinquième partie – Le point de vue traditionaliste 
Sixième partie – Le point de vue traditionnel
Septième partie – Le point de vue universitaire 
Huitième partie – Le point de vue contre-initiatique 
Neuvième partie – En guise de conclusion

A voir ces trois ouvrages, on peut légitiment s’interroger et se demander si les compilateurs, respectivement M. Gauthier Pierozak et M. Mircea A. Tamas pour les deux premiers et M. Tamas seul pour le dernier ouvrage, ont un jour lu ce passage de l’œuvre de René Guénon. On peut le retrouver dans l’ouvrage posthume Comptes rendus (compte rendu du numéro de mars 1947 de la revue Atlantis, souligné par nous) :

 « Enfin, il [M. paul le cour] a éprouvé le besoin, à cette occasion, de recommander à ses lecteurs un petit livre intitulé René Guénon et son œuvre, par M. Jacques Marcireau, qu’il déclare « fort bien fait », alors que, pour notre part, nous sommes d’un avis exactement contraire ; nous espérons qu’il voudra bien reconnaître que nous devons être tout de même un peu mieux qualifié que lui pour l’apprécier. Le livre en question, qui a été publié à notre insu et que nous ne pouvons aucunement approuver, n’est à proprement parler qu’un simple recueil d’extraits puisés çà et là dans nos ouvrages et dans nos articles ; il s’y trouve un bon nombre de phrases détachées de leur contexte et par suite incompréhensibles, parfois aussi tronquées et même plus ou moins déformées ; et le tout est groupé artificiellement, nous pourrions même dire arbitrairement, en paragraphes dont les titres sont la seule chose qui appartient en propre à l’« auteur » ; il va de soi qu’un tel travail est parfaitement inutile pour ceux qui connaissent notre œuvre ; et, quant à ceux qui ne la connaissent pas, il ne peut certainement que leur en donner une idée des plus fausses. »

On constate que René Guénon y condamne très exactement tous les procédés qui ont été utilisés pour mettre en œuvre les trois ouvrages que les Editions Rose-Cross Books veulent lui attribuer.

Le plus incroyable c’est de voir M. Tamas présenter l’ouvrage intitulé Oriens et Occidens en ces termes :

« Après avoir publié Fragments Doctrinaux, il nous restait des éléments qui n’avaient pas encore été utilisés, et qui, nous le pensions, méritaient d’être imprimés dans un nouveau et dernier volume. »

Après les fragments restent les miettes. M. Tamas a donc fait passer la voiture-balai pour son dernier chef-d’œuvre qu’il préfère attribuer à René Guénon. Faut-il l’en remercier ou lui demander de remettre ce livre d’où il l’a sorti c’est-à-dire de la poubelle ? A la poubelle donc et au plus vite. En espérant qu’il n’y aura pas eu trop de pigeons pour avoir acheté ce pseudo-livre de René Guénon.

Peut-on  imaginer un seul instant René Guénon publiant des « Fragments » doctrinaux de son œuvre ? Impensable saucissonnage. L’ouvrage des « Fragments doctrinaux » devrait donc lui aussi être retiré au plus vite de la vente.

On ne peut pas plus concevoir cette confusion des cycles d’écriture en mélangeant des textes de La Gnose avec ceux de la FAM. L’œuvre de René Guénon comme tout ce qui est manifesté suit la loi des cycles. On ne peut ainsi confondre le cycle de La Gnose avec celui de la FAM ou avec celui de Regnabit, ni avec aucun des autres cycles plus ou moins étendus. L’ouvrage Recueil mériterait pour être respectueux de la volonté de René Guénon d’être totalement remis en forme, sans confusion des cycles d’écriture, sans blabla, le plus sobrement possible. Une version numérique devrait d’ailleurs être mise à disposition gratuitement puisque Recueil est intégralement reproduit sur le site Index de Gauthier Pierozak.


En 1922, Howard Carter retrouve l’emplacement de la tombe de Toutankhamon. Il sait qu’elle est intacte et qu’elle contient donc des trésors incroyables. Que fait-il ? Respectueux des rites funéraires et du repos des morts, poste-t-il des gardiens pour que cette tombe reste à jamais inviolée ? Non, il la profane. Et depuis le monde entier connaît le contenu bien complet de cette tombe. Les archéologues s’en félicitent, les orientalistes aussi. Un inventaire a été fait, des photos ont été prises. On a ainsi recueilli des informations très complètes et très précises sur les rites funéraires de l’ancienne Egypte. Une somme considérable de « fragments doctrinaux » a ainsi été collectée. La profanation de cette tombe se justifiait-elle ? NON.

Cette profanation pourrait-elle être acceptable sous le prétexte que les données recueillies sur le symbolisme, les rites, les arts, etc., sont de nature traditionnelle ou doctrinale? En un mot, si l’on met de côté la momie du pharaon, peut-on s’autoriser à s’approprier tout le reste que l’on jugera alors comme impersonnel ? La réponse est bien évidemment NON.

Peut-on s’autoriser à lire une lettre qui ne nous est pas adressée ? Non, sauf bien sûr, si le destinataire nous y invite. Le contenu ne peut donc être utilisé que si le destinataire nous en donne l’autorisation. Dans le cas contraire, le contenu même doctrinal reste à sa seule disposition.

Dans le cas de René Guénon, les destinataires n’ont à notre connaissance jamais autorisé cette divulgation bien au contraire. Rares sont les destinataires qui ont fait état de leurs échanges avec René Guénon. Et, de façon générale, ils ont diffusé la matière doctrinale de ces échanges dans leurs propres écrits.

Mais y-a-il des éléments vraiment d’importance dans le courrier de René Guénon ? Non, pas vraiment, comme nous le fait comprendre ce post-scriptum :

Publié dans les ET d’octobre 1936 repris dans ACR I :

« P. S. – À notre grand regret, il nous devient matériellement impossible de répondre à toutes les lettres que nous recevons, car tout notre temps, même s’il y était exclusivement consacré, n’y pourrait plus suffire. Nous prions donc nos correspondants de vouloir bien nous excuser ; tout ce qu’il nous est possible de faire dans ces conditions, c’est de prendre note de celles de leurs questions qui ont un réel intérêt d’ordre général, afin de les traiter lorsque l’occasion s’en présentera au cours de nos articles. »

La correspondance de René Guénon peut et DOIT donc rester dans le domaine privé. Ce silence est d’ailleurs sans aucun préjudice doctrinal et c’est même une vraie preuve de respect.

Il est d’ailleurs bien significatif de voir que les universitaires, les orientalistes (soufis ou non) et autres profanateurs se délectent de cette correspondance qu’ils utilisent de la pire des façons comme on peut le constater dans les « annexes » notamment.

Que les profanateurs le fassent on ne peut en être étonné mais que ceux qui se disent respectueux de l’œuvre de René Guénon le fassent aussi, c’est incompréhensible. Qu’ont-ils compris de l’esprit traditionnel ? Un minimum de détachement devrait toujours s’imposer dans le monde traditionnel à l’image du Non-agir, si ce n’est pas un maximum.


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